Dieu n’est pas au volant

Il hésita encore un peu, puis il se releva.
De son labeur, il ne restait plus que des gravats.
Comme l’albatros, il se voyait voltiger dans l’air,
Mais cet engouement ne fut que trop éphémère.
Ses ailes se brisèrent contre les barreaux de la terre.
Il s’affala lourdement sur le sol et avala la poussière.
Il sentait que c’était fini.
L’étincelle dans ses yeux s’était presque évanouie.
Il voulait crier à l’aide mais il resta muet :
Il savait que personne n’entendrait.
Il n’était pas aussi naïf pour se fier aux hommes,
Car il savait que tous finissent par manger la pomme.
Eût-il marché pieds nus sur des tessons de bouteille,
Il savait que nul ne verrait le rouge sur ses orteils.
Alors il se tourna vers l’Eternel Dieu,
Mais le ciel sonnait toujours creux.
Imbécile fut-il de croire que Dieu ne l’aidait pas déjà.
Dieu répond toujours,
Sauf que l’ouïr est trop délicat.
Dieu envoie à l’homme de nombreuses réponses,
Sauf que ce dernier, par peur des semonces,
S’enferme dans une bulle que rien ne perce.
Et petit à petit, de son âme, le Diable fait le commerce.
Maintenant, voyant que son état ne pouvait être pire,
Le bonhomme, comme un parapluie, accepta de s’ouvrir.
Et là, comme transpercé par un éclair de génie,
Il comprit tout et il sourit.
Si le monde est un autobus sur la route du temps,
Dieu l’a démarré mais il n’a jamais été au volant.